A une époque -me semble-t-il pas si lointaine- nous entendions au travers des maisons des ’’Je le jure’’, ou autre ’’Je le promets’’ à maintes reprises. Quelques années plus tard, si ce n’est une réalité en jours, les observations n’avaient que trop peu évoluées. A coup de bêtises, mensonges et volte-face, rien ne change vraiment. Nous sommes bien loin de la fleur de l’âge. Mais alors, est-ce fidèle d’être soi-même à chaque période de sa vie ? Plus encore, à chaque instant ? Et puis d’ailleurs, c’est quoi être soi-même ?
Premièrement, entendons bien le problème comme une question de notre identité. Ensuite, comme l’interrogation de ce que nous pouvons être. Chaque jour nous sommes un peu plus vieux, chaque jour nous sommes physiquement différents. Cependant, nous avons choix de notre devenir. Un devenir dans la fidélité et la confiance, un autre dans l’infidélité et le danger. Pour ce même devenir, nous nous basons sur le passé pour le construire. Il sera toujours plus simple d’être fidèle d’un précédent vécu que de l’inconnu que nous pouvons vivre. Chaque être vivant se souhaite le meilleur –aussi quelquefois celui d’autrui- et cherchera à s’avantager, par choix ou non. Peut-être qu’il se rend compte qu’une fidélité trop grande n’amène que le danger. Trop simple, trop bon, trop fidèle, jusqu’à en devenir le prisonnier. Ce prisonnier qui pourra s’avérer plus menaçant en représailles que le danger qui entourait les infidèles. Ces mêmes infidèles, qui ne le sont d’ailleurs probablement pas pour eux-mêmes. La vie est trop brute pour que l’Homme se rende compte à chaque instant de chaque besoin, de chaque personne, de chaque parole. L’Homme qui, dans un monde de course, ne peut plus se permettre d’attendre et se poser pour réfléchir, à son propre détriment. Finalement, beaucoup se décident à être fidèle dans le mensonge, c’est moins fatiguant. Cette situation, confrontées à toute les autres, disparait dans la masse, laissant à tout un chacun le champ libre. Certains se permettent d’intervenir, nous observons un mouvement, mais au fond rien n’a changé et rien ne changera.
Assurons-nous d’abord d’être fidèle à ses camarades de vie, histoire d’en apprendre les bienfaits, de comprendre les enjeux. Jamais les mêmes, nous sommes trop compliqués. Jamais les mêmes, sommes-nous au moins deux jour de suite nous-même ? Etre soi-même ce serait ne jamais évoluer ? Je resterais fidèle à ce que je suis, je ne changerais pas mes principes, mon code moral, ma vie. Mais dans la vérité vraie, vu de l’extérieur, je ne le serais jamais indéfiniment, car je ne contrôle pas tout mon être. De là, je ne serais plus fidèle à vouloir rester le même puisque c’est impossible. Dans tous les cas, je pourrais bien être fidèle à moi-même mais en un temps réduit. Ce temps, qui nous gouverne.
Le temps nous amène à développer nos sens, notre esprit critique. Nous vouons intérêts en des sujets plus subtils. Si je réfléchis sur un problème, m’oblige à le résoudre, mais trouve entre-temps matière à en faire un autre bien plus intéressants sur le moment, alors dans le cas ou le deuxième m’amènerait à mieux terminer le premier, le raisonnement serait-il le fin entrepreneur de ma fidélité ? Par extension, le temps nous obligerait inexorablement à repenser cette fidélité ? Ou encore, choisissons-nous d’être fidèle ? En effet, parfois c’est nous-mêmes qui nous imposons une charge, pour sa famille, un ami ou tout simplement autrui. Puis, quand le temps passe, advienne que pourra de cette charge et des conséquences. Au contraire, si ce n’était de notre propre choix, la charge ne serait pas forcément prise avec considération, l’Homme n’ayant pas vocation au plus profond de lui d’être dominé ou conduit par une ligne directrice. Ainsi, la fidélité est loin d’être une obligation. Ajoutons à cela qu’elle est régie par de nombreux phénomènes que nous ne contrôlons pas -vie, temps, espace- il est, dès lors, logique d’orienter son vivant à des outils plus accessibles ; mieux encore sous notre propre domination.
Maintenant, quand bien même j’oserais être fidèle à moi-même, je ne le voudrais à priori pas. Car à force de fidélités, les priorités s’accumulent et s’arrangent d’elles-mêmes. A ce moment précis, nous ne sommes plus décisif dans nos actions, même si nous pensons gérer notre vie.
Ses propos sont fidèles, en cet instant présent. Puis, le temps d’entamer une nouvelle phrase, tout redevient nouveau, sens et mots, tout a à regagner une fidélité.
~Yann Osmos