Étudiants,

En cette période compliquée d'inactivité dans laquelle s'embourbe l'université depuis quelques temps, j'essaie d'organiser des cours de société, plus ou moins régulièrement, pour essayer de relancer l'éducation et me redonner envie de faire cours, de vrais cours. Or, voici maintenant trois cours que je n'ai aucun étudiant à mes cours. Que ce soit le matin à partir de 9 h 00, le midi à 12 h 00 ou le soir à 22 h 00. Aucun étudiant ne s'est présente à ces heures de cours.

Aujourd'hui, un intendant vient de m'informer qu'il ne comptabiliserait plus mes présences tant que je n'aurais pas des étudiants à mes cours. Certes, une règle fixe les conditions d'annulation d'une présence d'un professeur mais l'administration détourne une fois de plus les systèmes : au départ, cette règle concernait les cours abusifs (par exemple, un cours à deux heures du matin dans la suite Upendi). Après une discussion houleuse car profondément révolté à l'idée qu'on sanctionne les professeurs qui essaient encore de faire cours, je ne pense pas faire preuve de mauvaise volonté : mes cours sont planifiés à des heures tout à fait acceptables. Aussi, mes cours ne déroulent pas dans les jardins ou dans des salles secrètes, tout le monde sait où se trouve l'amphithéâtre. Je ne me cache pas.

Je dois donc comprendre que l'administration préfère sanctionner les employés qui s'efforcent de donner de l'activité dans une université, parfois très somnolente, que de se réveiller et prendre ses responsabilités en matière de fidélisation des étudiants, qu'elle préfère appliquer systématiquement des règles qu'elle a choisi de détourner sans se préoccuper de la situation réelle des salles de cours.

Je suis maintenant professeur à l'université depuis le 8 janvier 2016. Modestement, j'ai toujours essayé de rendre mes cours les plus attractifs possibles, tout en essayant de partager ce que j'aime réellement avec vous. Je n'ai jamais connu une telle situation, quelque soient les professeurs ou les administrateurs chargés de l'éducation.

Puisque vous êtes les premiers concernés par les cours de cette université, votre avis m'intéresse. Que pensez-vous de cette suspension de rémunération ? Je me questionne sérieusement sur les conditions dans lesquelles mes cours vont pouvoir continuer si je dois prendre le risque d'attendre une heure dans une salle sans avoir personne.

Merci à tous de l'intérêt que vous portez à cette question.

Rozelie, s'agissant des guides, quoi qu'on puisse me dire, je trouverai toujours aussi inutile la présence simultanée de quatre guides à l'entrée. Mais là où je grince particulièrement, c'est à propos des ouvertures des services puisque le principe est identique aux cours des professeurs : un guide médecin est payé pour soigner des étudiants mais si aucun étudiant ne se présente, il ne soignera personne et ne fera pas le travail pour lequel il est payé. Or je ne connais aucune règle concernant l'annulation de la rémunération des guides dans un tel cas de figure.

Ensuite, si on applique cette logique aux marchands, on se rend compte que de nombreuses présences sont rémunérées alors que rien ne le justifie. En effet, dans la vraie vie, un marchand propriétaire n'est pas rémunéré pour sa présence dans son commerce puisque sa rémunération dépend et varie selon les ventes qu'il effectue au cours du mois. Autant dire qu'on est bien loin du système actuel.

Depuis trop longtemps je dis que l'administration délaisse le secteur de l'éducation, ou au moins ne s'en est jamais assez préoccupée. En déconsidérant notre travail et en gaspillant de l'énergie pour essayer de justifier des situations profondément inégales entre les secteurs, l'administration illustre une fois de plus l'attention et le soin qu'elle porte aux professeurs, c'est-à-dire presque rien.